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Alone in the Dark: manoir, dark âme

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Jeu PC | Survival horror | Edité par Infogrames Entertainment | Sorti en Décembre 1993
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«Les ventes de PC risquent d’augmenter de façon spectaculaire grâce à lui», «Hallucinant», «C’est complètement fou», «De temps en temps arrive LE jeu» et autres superlatifs ont été relevés en 1992 dans un test du magazine Gen4 que je viens d'ouvrir. Dans ce même article, on pouvait aussi lire que «des polygones sont des petits rectangles», et ça, on ne le dit pas assez.

TLDR

FUN
Mythe lovecraftien
JOUABILITÉ
Tortueux
TECHNIQUE
Révolutionnaire
NOSTALGIE
Dépassé

Regardez la modélisation de cette moustache, bon dieu!
Alone in The Dark, c’est un peu le jeu de la première fois. Première fois que je jouais à un survival-horror à une époque où clairement je n’aurais pas dû avoir ça entre mes mains (8 ans), un de mes premiers jeux sur PC qu’en fait c’était pas moi qui l’avait acheté mais un pote qui me l’a prêté (comme souvent ensuite) et surtout première rencontre avec l’univers de Lovecraft et du mythe de Cthulhu que je continue aujourd’hui à utiliser pour divers projets extra-professionnels (iä iä Cthulhu fhtagn!). Et surtout, le jeu est le jeu de la première fois pour le reste du monde vidéoludique. En discutant avec mon ami et chroniqueur de GTFM, Djey, je me suis rendu compte qu’il s’agissait bien là du premier «vrai» survival-horror du jeu vidéo, dans le sens où les méchants monstres ne sont pas de vulgaires mots écrits sur un écran noir comme les premiers RPG textuels, ou ne sont pas des sosies des fantômes de Pac-Man. Non, là, on a bien les prémisses des jeux type Resident Evil, et le créateur d’un format encore très représenté aujourd’hui.

Horror picture show

Ca, c'est un monstre. Faut pas croire, en vrai ça fait flipper quand il pète la vitre pour te sauter dessus.
Si avec nos yeux habitués à la foule-troidé-katka-dlamorkitu d’aujourd’hui, on ne peut voir qu’un amas de pixels dégueulasses (il faut bien le reconnaître), avec des héros aux faciès niais et aux yeux exorbités (bon, déjà à l’époque, ça faisait flipper), on oublie qu’en 1992, AitD était l’un des premiers à proposer des personnages en polygones dans un environnement pré-calculé. La phrase vient de Wikipedia mais j’aurais pas mieux dit. En d’autres termes, c’était un jeu 3D, des personnages aux objets. Sauf que, comme a expliqué le concepteur du jeu Frédérik Raynal il y a quelques années, les machines n’avaient pas encore des capacités de ouf (pas de cartes graphiques notamment) pour reconstruire entièrement le manoir où se déroule l’action, il a donc créé un système qui, premièrement, permettait de s’appuyer sur des décors photoréalistes en 2D pour faire un calcul en temps réel de la scène selon la position de la caméra.

Et deuxièmement, il a surtout permis au jeu de s’adapter à la config du PC de l’époque. Plus la machine était capable d’interpréter les animations, plus c’était fluide dans le calcul. Bon, du coup, moi à l’époque j’ai clairement joué à la version low-speed du jeu. Beaucoup de gens sont comme moi, à avoir cru que Alone in The Dark, c’était un jeu où le personnage se déplaçait tellement lentement que plus lentement c’était en marche arrière.

Play, Love, Craft

Au début du jeu, vous pouvez choisir votre personnage, homme ou femme.
Raynal justement, parlons-en. Il voulait faire un jeu d’exploration avec des zombies. En inspiration, on sent évidemment l’univers de Lovecraft mais aussi des plus grands films d’horreur du genre. L’histoire, qui devait à la base se baser dans les années 90, se retrouve finalement un peu après la Belle Époque anglaise, en 1924 (ce qui colle quand même vachement mieux avec l’univers lovecraftien). Jeremy Hartwood est retrouvé mort dans sa propriété de Louisiane. Un suicide selon la police mais que nenni selon le héros que vous pouvez choisir entre un homme et une femme. Le manoir n’est pas abandonné, il est hanté par des esprits malveillants selon Mme Michu du bar PMU du coin de la rue. Du coup, à vous de vérifier si c’est bien vrai, ma bonne dame, vous savez avec tout ce qu’on nous envoie dans l’espace aussi, y’a pu de saisons, m’étonnerait pas qu’on y trouve aussi des zombelards.

N'empêche, les décors sont magnifiques.
Le jeu propose, à l’image de son successeur spirituel Resident Evil, des munitions limitées afin de les utiliser avec parcimonie (ou avec votre Winchester calibre 12, au choix). La plupart du temps, on peut d’ailleurs éviter le combat en résolvant les énigmes du manoir de 3 étages. Le but étant de recoller les morceaux en lisant des bouquins ou en trouvant des indices sur la mort du vieux, afin de pouvoir sortir de la bâtisse. Et c’est là que vous pouvez vite décrocher si vous n’êtes pas fan de l’ambiance et de l’univers. Les trois-quarts du jeu consistent à se mouvoir dans le silence et lentement (la plupart du temps) de pièces en pièces pour trouver des textes à lire. Les plus impatients pourront en effet faire un massacre en tuant rapidement la 20ne de monstres du manoir, mais tout l’intérêt du jeu se perd, puisqu’il s’agit bien d’une aventure horrifique et non d’un shoot’em up.

Dark Age of Louisiana

Le jeu a un gros côté exploration où on doit trouver des objets.
Globalement, le jeu est donc magnifique pour l’époque, avec des objets jusqu’à plus de 70 polygones (si si, c’est dingue), techniquement au taquet et le joueur peut aussi ouvrir un inventaire qui lui permet de passer en mode combat ou en mode recherche. Tiens d’ailleurs, ce changement de «mode», le style des personnages et leurs animations, on voit clairement ce qui va donner un peu plus tard Little Big Adventure, une autre aventure en 3D de Frédo. Malheureusement c’est peut-être encore un peu trop balbutiant à cette époque pour être totalement maîtrisé. C’est bien simple, lors qu’il faut 12 clics pour switcher d’un état à l’autre et frapper le zombie qui vient de vous tomber sur le coin de la gueule dès la première minute de l’histoire, ça peut être vite relou. Le mode combat enclenché, il faut frapper la barre d’espace tout en choisissant une direction pour toucher son ennemi. Le manoir est hanté selon Mme Michu du bar PMU du coin de la rueMais attention, ça peut être déroutant au début, les touches du clavier indiquent l’orientation du personnage et non l'emplacement sur l’écran (si vous voulez aller en bas, et que votre personnage fixe le bas, vous devez donc appuyer vers le haut, m’voyez?). S’il marche la plupart du temps, et que l’action se veut plutôt lente, il est aussi possible de courir en tapant deux fois une flèche. C’est d’ailleurs pour ça que les gens intelligents (l’élite des gamers, disons le clairement) auront pris le temps de passer en mode recherche, après avoir verrouillé portes et fenêtres, et ainsi s’éviter tout combat (ou aura ouvert la page soluce de Tilt Magazine). Tiens, true story, je viens de piocher en TOTAL hasard dans la pile de Gen4 et pif, je suis tombé PILE sur le numéro 61 avec Alone in the Dark 2 à la Une, ce ne peut être une coïncidence.

Vous êtes morts, Cthulhu a gagné, fin.
Sinon, esthétiquement, il y a eu un gros travail sur l’ambiance et sur les angles de caméra, pour donner l’impression de voir un film d’horreur. Une idée reprise ensuite par ses concurrents. Pour ce qui est du son par contre, même si on a une bande sonore plutôt sympa, ça reste du bip de carte mère qu’il faut se coltiner. De plus, les pistes ne sont pas très variées mais c’est quand même hyper bien foutu pour l’époque, avec en outre plein de bruitages de monstres, de planchers qui grincent et de vitres qui éclatent. Si le jeu est sorti en disquettes, puis en CD, à noter qu’il fallait un disque dur pour calculer ces graphismes (6 Mo!), ce que l’Amiga et l’Atari ST n’avaient pas (ou alors en option, ça faisait cher juste pour un jeu). L’on dit que ce jeu a contribué à faire venir les gamers sur les compatibles DOS/Windows à ce moment, et ça... Sah quel plaisir. - Torché le 24/10/2019 à 22h12 par Jivé.
La péroraison
On pourrait penser, avec ce long éloge, que le jeu mérite les scores qu'il a reçu à sa sortie dans la presse spécialisée. Des notes qui ont quasiment toutes dépassé les 9/10. Sauf que passé le choc de voir les débuts de la 3D, ces angles de caméra étouffants et ce système d'adaptation à la machine du joueur, il reste un jeu avec une histoire agréable mais qui peut largement décourager la plupart des joueurs. On aurait préféré avoir une interface un peu plus point & click pour tout le côté exploration, car le changement de mode (combat, pousser un objet, explorer...) via l'inventaire est fastidieux. Mais bon, comme tout se joue au clavier... Impossible. Comptez une dizaine d'heures pour y jouer correctement et évitez le plus possible les combats sinon vous allez voir un nombre incalculable de fois la scène où le héros est traîné à la cave pour être déposé sur une stèle en marbre dédiée à Hastur.
Futur en tailleur
Sur chaque test, l'auteur se met en tailleur pour se poser une ultime question: «avec le recul, aujourd'hui, quel jeu m'a procuré autant de sensation que cet oldie?» Dur de considérer les suivants comme des dignes héritiers puisque, à cause des conflits entre le créateur et Infogrames, l'équipe originale s'est barrée pour monter Adeline et faire LBA, un jeu à l'atmosphère pesante dans lequel le même système «d'état» de personnage a été incorporé. Et surtout la saga Resident Evil a commencé en même temps et a clairement pris la succession. La série Silent Hill s'est ensuite autant inspirée du créateur du genre survival-horror. Dans ces séries, des jeux plus ou moins bons sont sortis au fil du temps. Orientez-vous vers le tout premier RE ou le 4e sur GameCube. Pour l'ambiance lovecraftienne, des jeux dédiés au Mythe de Cthulhu, assez moyens, sont sortis dans les années 2000 et 2010, mais je leur préfère des jeux comme Dead Space ou Amnesia. Étrangement, le jeu qui y ressemble le plus, ça serait Alan Wake, en 2010.
Le verdict
Jeu PC | Survival horror | Edité par Infogrames Entertainment | Sorti en Décembre 1993
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7
10
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