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Que sont devenus les héros (des jeux) de notre enfance?

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On a tous des héros. Des super héros, et pas forcément ceux en cape et en collant moule-burnes. Non, on parle de ceux qui nous ont fait rire, pleurer, voyager, découvrir le monde, et dans notre cas, sans doute autant chez nos lecteurs que dans notre rédaction, tout à la fois en nous livrant nos premiers jeux vidéo.
Certes, les héros ne vieillissent pas, car ils sont un symbole et un symbole persiste. Mais ce ne sont quand même que des humains et leurs parcours ne s’est pas arrêté à la fin de certains âges d’or. Celui du point & click dans les années 90 par exemple, ou encore d'un certain type de portes-monstres-trésors avant ça, du jeu vidéo français qui dominait le monde (relire notre interview). Ou même de l’hégémonie de certains éditeurs qui ont été dilués par le temps et les OPA pour devenir d’autres entités ou pour disparaitre à jamais. Voici donc une petite compilation de ceux dont on se souvient, et dont on suit toujours la trace, car ils sont toujours là.

Bruno Bonnell

Lui, c'est Bruno. Bruno assume sa calvitie. Faites comme Bruno.
Le plus en vue du moment? Pourquoi? Parce qu’il a pris la place d'un certain Donald Trump dans la version française de The Apprentice, une télé réalité où les participants sont de jeux loups qui veulent travailler avec «un grand patron, entrepreneur français» disait le communiqué de presse au lancement. Sans toutefois rappeler que le sieur Bonnell est le cofondateur d’Infogrames et donc ancien PDG d’Atari. C’est donc un peu grâce à lui qu’on a découvert Tintin au Tibet et ses déplacements de personnages légendaires, mais aussi Alone in the Dark ou encore V-Rally. Depuis 2007, il s’est reconverti dans la robotique et le numérique, en fondant Robopolis, près de Lyon, l’un des berceaux du jeu vidéo français. Et il y a quelques semaines, il était donc le patron qui devait recruter des participants aux melons surdimensionnés dans son émission sur M6. Mais sa grande gueule montée sur une boule à zéro n’a pas intéressé le public et la chaîne a déprogrammé le programme après deux épisodes seulement. Dommage.

Nolan Bushnell

Nolan Bushnell, c'est le mec avec le swag du milieu.
Concepteur de Pong, ce qui fait de lui l’un des pères du jeu vidéo, ce concepteur américain a été un pionnier, en créant notamment Atari dans les années 1970 avant de devenir millionnaire en revendant sa boite à Warner. Comme nombre de ses illustres coreligionnaires, Bushnell est un nom que tout gamer a connu, et qui a quitté la scène sans qu’on ne le ressente vraiment, fondant au fil du temps des dizaines de sociétés, notamment en lien avec le jeu vidéo. Sa dernière en date, uWink, était spécialisé dans le jeu en ligne. La boite a fermé en 2008 et Bushnell est revenu chez Atari au comité de direction en 2010. Aujourd’hui, il est à la tête de plusieurs compagnies dont une qui fabrique des jeux pour des particuliers.

Muriel Tramis

Muriel Tramis, la papesse du jeu vidéo retro.
Coktel Vision est sans doute l’une des sociétés les plus connus des années 1990. Et parmi le cortège de développeurs et inventeurs de génie qui ont officié dans les studios français de la société, on compte la Martiniquaise Muriel Tramis. Scénariste, on lui doit Méwilo, une aventure sur Atari ST autour d’une légende de Martinique. Mais son plus gros succès reste la série Gobliiins qu’elle a co-scénarisé. Et puis, chaque joueur de notre génération a du toucher une fois dans sa vie à ADI, le programme d’aide à la scolarité en jeu vidéo. L’un des fleurons du ludoéducatif, dont Muriel Tramis s’est également occupée. Oui mais voilà, comme toutes les boites phares du jeu français des années-là, Coktel Vision a fermé ses portes au début des années 2000. Plus exactement en 2005 avec son rachat par Mindscape. Tramis était alors déjà dans sa nouvelle société, Avantilles, une boîte d’applications en 3D temps réel pour le web. La réalité virtuelle, un domaine qu’elle avait dans le viseur depuis 2003. Et comme ADI en son temps, la créatrice s’oriente vers le serious game, des logiciels pour la sécurité routière, pour apprendre les sciences ou pour lutter contre les inégalités. (NDLR: Elle nous a d'ailleurs donné de ses nouvelles et remercié pour l'article à la suite de cette publication, bisous à elle)

Dave Grossman, Tim Shafer, Ron Gilbert

Tim Shafer, comme ses amis Gilbert et Grossman, a su se reconvertir.
Un trio comme ça, on n’en a pu fait depuis Laurel et Har… depuis Simon and Garf… Ah bah en fait, non, c’est rare. Si le nom de Tramis, Cuisset ou Raynal n’est pas forcément hyper connu chez les gamers, même les hardcore, au moins l’un de ces trois noms est déjà parvenu jusqu’à vos oreilles. A ma gauche, Dave Grossman, concepteur de jeu d’aventure, scénariste, et développeur du moteur SCUMM qui a équipé les meilleurs jeux de point & click de toute une génération. A ma droite Ron Gilbert, développeur chez LucasFilm Games devenu LucasArts et créateur de Monkey Island. A mon centre, Tim Schafer, un mélange des deux, avec un peu plus de barbe. Ces trois-là ne sont ni plus ni moins que les créateurs d’une génération, celle de Monkey Island, de Day of Tentacle, et pour le troisième de Full Throttle et Grim Fandango. LucasArts ayant, comme les autres, perdu de sa superbe au début des années 2000, ils se sont tous plus ou moins barrés sous d’autres latitudes. Mais sans oublier qui ils étaient. Ainsi, Dave bosse désormais du côté de Telltale Games, un éditeur qui ne cache pas son influence «Scummesque», et qui a ramené le point & click sur le devant de la scène. Peu avant, il était passé par Cavedog mais surtout Humongous, un studio monté par son poteRon Gilbert.

Ce dernier, quant à lui, a fondé Cavedog, qui a fait la série de Total Annihilation avec Chris Taylor, une autre sommité de l’époque. Le moins actif des trois depuis la fin de LucasArts, on l’attend sur son Thimbleweed Park, la suite non officielle de la saga Maniac Mansion/Day of the Tentacle. Enfin, Tim Schafer est peut-être l’un des plus prolifiques. Il fonde Double Fine après la fin de son aventure chez LucasArts en 2000 et créé Psychonauts ou Brutal Legend, des jeux dont l’humour rappelle les origines du genre. Avec l’ami Ron, il se lance sur Kickstarter avec Broken Age, un succès critique après un appel de fonds qui a été extrêmement suivi du fait de sa notoriété. On note également, du côté du duo Schafer et Gilbert, la production de The Cave, l’un des jeux qui, de nos jours, est le plus proche de Maniac Mansion, dans le gameplay et dans la narration. Il ne manque plus qu’à les revoir, un jour, tous les trois autour d’une même œuvre, et la boucle sera bouclée.

Paul Cuisset

Subject13 se voulait un retour de Paul Cuisset sur le devant de la scène.
Lui non plus, n’est pas mort, bien loin de là. Ce créateur français était vice-président de Delphine Software dans les années 1990. Vous vous en souvenez? Non? Et si on vous dit Another World, Flashback et Fade to Black? Ah oui, forcément, c’est plus parlant. Le studio français, filiale d’Adeline (Little Big Adventure), ferma ses portes en 2004, une période bien morose pour le jeu hexagonal.

Paul Cuisset, l’année suivante, fonda VectorCell, un studio de développement qui relança notamment Flashback en format HD sur PC. Mais après une faillite en 2013, l’homme d’affaire rebondit, comme d’autres avant lui, sur le financement participatif. Pendant deux ans, il plancha sur Subject 13, un projet indé de jeu d’aventure qui devait s’inspirer de ses premiers amours, dont Croisière pour un Cadavre en 1991.

Frédérick Raynal

LBA, une aventure pas si Little.
Encore un Français, oui, car à l’époque de nos héros, ils étaient très nombreux à l’affiche. Passé par Infogrames ou Adeline, on lui doit surtout la création d’Alone in the Dark ou Little Big Adventure, deux jeux qui ont rencontré un énorme succès. Le second offrait au personnage des humeurs qui influaient sur le gameplay, une révolution. Ce game designer reçu même l’insigne de Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres par Chirac, la classe. En même temps, ils sont Corréziens tous les deux. Raynal ne s’est jamais éloigné du jeu: il a dirigé la société No Cliché entre 1998 et 2001 et, comme les autres, investit désormais l’indé grâce au crowdfunding. Sa dernière production, c’est 2Dark, un survival horror en 2.5D pixellisée, via le studio Gloomywood, fondé par le designeur et sa femme, et basé… comme c’est étrange, à Lyon. Largement financé, le jeu se montre dans la tournée des salons actuellement.

Eric Chahi

Eric Chahi, qu'on devine discret alors qu'en fait, il est super discret.
Aussi talentueux que peu connu du (très) grand public. Programmeur, graphiste, il a eu deux publics de génération différente, grâce à deux œuvres. Figure tout d'abord de l'époque PC de la fin des années 1980 chez Loriciels, il rejoint Delphine Software (oui, encore eux) pour dessiner Les Voyageurs du Temps, où il rencontre un autre ponte de l'époque, Paul Cuisset. Son premier succès est une œuvre personnelle, Another World en 1991. Il redouble de technique et de prouesses graphiques pour construire son jeu. Un chef-d’œuvre très original, avec une toute nouvelle narration basé sur l'esthétique. Plus tard, c'est avec Heart of Darkness qu'il refera parler de lui, un des jeux les plus plébiscité de son époque, en 1998. Après six ans de travail où il était très discret. Il l'a toujours été d'ailleurs, puisqu'il a disparu pendant de nombreuses années, revenant sporadiquement pour présenter la version HD de son premier succès. Un jeu qui fait désormais partie de la collection du Museum of Modern Art à New York. Son dernier projet, From Dust, est sorti en 2011 après six ans de travaux lui aussi. Mais Chahi reste toujours à l'écart, encore aujourd'hui.

Chris Sawyer

Des années que les gens attendent le retour de RCT. Mais ça sera sans Sawyer.
Chris Sawyer, c'est l'Amérique, c'est le symbole de la liberté. Concepteur et développeur écossais et non américain, son nom est lié à plusieurs séries de légende, lui qui s'est très tôt spécialisé dans la simulation. Dédié, comme nombre de ses confrères cités ici, au développement sur des jeux pour Atari ou Amstrad avant d'entrer dans l'ère du PC à proprement parler au début des années 1990, il publie Transport Tycoon en 1994. C'est le début d'une ère «Tycoon» dont il a toujours été le plus grand représentant. Sa saga RollerCoaster Tycoon marque toute une génération de joueurs. La licence, achetée par Atari, est toujours au studio, et un RCT World est désormais prévu, après une longue attente. Mais Sawyer, en conflit sur les droits de son jeu pendant quelques années, n'est désormais plus dans le projet. Depuis, il a fondé 31X et reste dans le monde du jeu, mais sur mobile, comme d'autres dans ce dossier. Dommage.

Steve Purcell

Lui c'est Jacques Chirac. Le mec qui a décoré Raynal.
Peut-être le moins connu des héros de l'époque LucasArts et pourtant, ce dessinateur et scénariste américain est à l'origine de Sam & Max. Après avoir travaillé sur certains comics chez Marvel, rien que ça, il devient développeur chez le flamboyant LucasArts, à l'époque où il régnait sur le jeu d'aventure. Il illustre les boîtes de certains succès que vous avez peut-être (avec leurs boîtes d'origines) dans votre bibliothèque, comme Indiana Jones and the Last Crusade. Puis on lui propose d'adapter son comic en jeu vidéo. Un carton. Steve Purcell travaille ensuite dans les sociétés satellites de Lucas, dont ILM pour le cinéma ou Pixar pour l'animation. Il s'éloigne un peu du jeu mais reste propriétaire de la licence qu'il a créé. Et grâce à Telltale Games en 2005, une société fan de cette époque et créée par des anciens de LucasArts, les deux héros reviennent sur PC dans une saga à épisodes. Si aujourd'hui il ne participe plus à un studio de jeu vidéo, il en reste lié, et participe de temps en temps à quelques artworks.

David Perry

Le programmeur irlandais a débuté à 15 ans. Il a été rapidement repéré pour son talent en informatique et s'engage en 1992 chez Virgin Games, à une époque où la société était en pleine ascension. L'année suivante, il marque une génération de joueurs sur consoles avec Aladdin ou Cool Spot. En conflit avec sa société, il fonde quelque temps après Shiny et y invente un autre héros marquant de l'époque: Earthworm Jim. Fantasque et exubérant, il se fait un nom dans le domaine du jeu vidéo. Désormais producteur, il vend sa société à Atari et devient millionnaire à 35 ans. En 2006, il participe au reboot d'Acclaim en y devenant président. Mais le studio ferme en 2010 et il fonde ensuite, Gaikai.com, une entreprise spécialisée dans le cloud pour... les jeux vidéo, principalement en ligne. La boîte appartient à Sony depuis quelques années.

TLDR. La plupart des héros de notre enfance sont encore là. Dans l'ombre ou dans le jeu vidéo sous sa nouvelle formule (navigateur, online, mobile), ils ont plus ou moins abandonné le monde du PC à disquette et de la console à cartouches (forcément...) mais restent dans l'esprit des joueurs. Des fois, leurs noms évoquent bien plus qu'un souvenir: c'est une époque, voire des marques à elles seules. On aurait pu aussi parler de Will «Sim» Wright, de Sid Meier ou de John Carmack, mais pour eux, le jeu vidéo n'est pas qu'un souvenir, on les voit encore assez souvent sur le devant de la scène. Le dernier, créateur d'id Software, vient même de rejoindre le futur du jeu vidéo: il est directeur technique chez Oculus VR. - Mal écrit le 05/11/2015 à 22h55 par Jivé.
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